Pauvres de nous

Actions sociales à Namur hier et aujourd’hui

A l’instar de sa lointaine parente, la comtesse d’Harscamp, Marie-Léocadie de Villers Masbourg (1805-1887) décide d’affecter une partie de son héritage à la fondation d’une institution de bienfaisance. Il s’agit, cette fois, de créer un hospice « destiné aux servantes âgées de soixante ans qui seront sans ressources, qui sont nées dans la Province de Namur, qui ont toujours eu une bonne conduite et qui ne sont pas atteintes de maladie au moment de leur entrée à l’hospice. ». La commission administrative des hospices civils de Namur, chargée d’administrer l’institution, décide de l’établir, en 1909, dans une maison située au faubourg de Sainte-Croix et d’y accueillir une quinzaine de pensionnaires dès le mois d’août 1910. 

Ce type d’institution est représentatif du « modèle ‘mixte’ de philanthropie » (Dupont-Bouchat) qui prévaut dans nos régions au XIXème siècle : parallèlement à l’assistance publique administrée aux niveaux provincial et communal, la charité privée (essentiellement catholique) occupe alors encore une place prépondérante dans le domaine de la bienfaisance. L’initiative individuelle peut ainsi se tourner vers la création d’institutions qui, comme les hospices d’Harscamp ou de Villers, accueillent des catégories sociales, religieuses ou professionnelles spécifiques.

Le règlement d’ordre intérieur de Villers laisse une certaine liberté aux pensionnaires. Celles-ci disposent d’une chambre individuelle, de la possibilité d’amener leurs biens personnels et de passer la journée à l’extérieur à condition de respecter l’horaire prévu. Cette communauté exclusivement féminine doit « obéissance et respect » à  la supérieure, laquelle est désignée parmi les deux sœurs de la Charité chargées d’administrer l’établissement et d’apporter les soins aux pensionnaires.

SOURCES : DUPONT-BOUCHAT, M.-S., Entre charité privée et bienfaisance publique : la philanthropie en Belgique au XIXe siècle, dans BEC, C. et alii (s.dir.), Philanthropies et politiques sociales en Europe, Paris, 1994 ; LOTHE, J., Paupérisme et bienfaisance à Namur au XIXe siècle. 1815-1914, Bruxelles, Crédit communal, 1978.