Pauvres de nous

Actions sociales à Namur hier et aujourd’hui

Sous l’Ancien Régime, les enfants pris en charge par la bienfaisance sont appelés « enfants abandonnés » ou « enfants trouvés » selon que leurs parents sont connus ou non. Les premiers sont « délaissés sans que l’on sache ce que les père et mère sont devenus et que l’on puisse recourir à eux » ; les seconds sont « trouvés exposés dans un lieu quelconque ou portés dans les hospices destinés à les recevoir ».

Afin de diminuer le risque de mortalité de ces enfants, l’hospice Saint-Gilles à Namur se dote en 1812, d’un « tour d’abandon » qui, sous la forme d’un cylindre pivotant, permet de déposer un bébé de manière anonyme. Conjuguée à un contexte de crise économique, l’installation du tour entraîne une nette augmentation du nombre d’abandons (de la part de Namurois et d’étrangers venus expressément en ville). La moyenne annuelle des expositions d’enfants passe de 146 à 226. Par contre, la suppression du tour en 1823 ramène cette moyenne à 121. En 1866, l’épidémie de choléra qui sévit sur Namur augmente le nombre d’orphelins qui aboutissent à l’hospice.  

L’examen des procès-verbaux dressés à chaque nouvelle admission (entre 1830 et 1866) permet de décrire les pratiques délictuelles d’abandon d’enfant. Les faits ont souvent lieu à la tombée de la nuit ou au petit matin, l’obscurité permettant de ne pas être vu. Les enfants sont généralement trouvés soit dans des rues fréquentées, soit à proximité de couvents, d’églises ou d’institutions de bienfaisance. Même après la suppression du tour, les alentours de l’hospice Saint-Gilles restent un lieu privilégié pour l’abandon d’enfants. Comme si l’on avait gardé le souvenir du tour et de sa fonction…