Pauvres de nous

Actions sociales à Namur hier et aujourd’hui

Dans nos régions, les congrégations religieuses jouent, depuis le Moyen-Âge, un rôle essentiel dans l’organisation et l’administration des institutions de bienfaisance. À Namur, au XIXe siècle, deux ordres féminins sont particulièrement actifs et soucieux de soulager tant le corps que l’âme.

Les Sœurs de Notre-Dame

Fondées à Amiens en 1804 par Julie Billiart et son amie aristocrate Françoise Blin de Bourdon, les Sœurs de Notre-Dame de Namur s’installent dans la ville en 1807/1809 et ouvrent très vite plusieurs classes pour jeunes filles pauvres. Les fillettes nécessiteuses y sont accueillies gratuitement. La journée, en plus de recevoir une instruction, les plus démunies sont habillées et nourries : « …malpropres mangés par les poux, remplis de gales, de teignes sans chemisier, sans bas… [dont] on voit le corps nu de toute part … ces enfants sont encore plus crasseuses dans l’âme que dans le corps.», écrit une religieuse en 1811.

D’abord vouées aux seules indigentes, les écoles se dotent rapidement d’internats à destination de demoiselles aisées. La pension versée par les secondes permet le maintien d’un enseignement religieux et qualifiant pour les premières. Le programme des élèves payantes s’enrichit progressivement, notamment de cours de musique.  

En plus de leurs écoles, les Sœurs de Notre-Dame se voient également confier les hospices namurois : Saint-Gilles d’abord (1823) puis Saint-Jacques (1826) et Harscamp (1836). Elles instaurent au plus vite la séparation des filles et garçons car y règne « un dévergondage des mœurs affreux ». Plus pédagogues qu’infirmières et selon la volonté de la commission des hospices, les Sœurs de Notre-Dame cèdent leur place à la tête de ces institutions aux Sœurs de la Charité vers le milieu du XIXe siècle. L’instruction des orphelines reste toutefois de leur ressort.

Les Sœurs de la Charité

La congrégation des Sœurs de la Charité est fondée par Marie-Martine Bourtonbourt en 1730. D’abord destinées au secours des malades, les sœurs fonderont également des orphelinats.

Ces « filles chargées de soigner les pauvres malades à domicile » sont particulièrement actives en matière de soins auprès des plus nécessiteux. Moyennant rémunération, elles portent également assistance aux plus aisés. Peu à peu, les religieuses, dont l’activité se limitait à Namur, élargissent leur champ d’action aux communes limitrophes. Les épidémies de choléra (1849 – 1866) forcent cette extension. Après la dernière de ces épidémies, les Sœurs de la Charité entretiennent une collaboration plus étroite avec le bureau de bienfaisance.

À partir de 1854, les Sœurs de la Charité sont impliquées dans la gestion d’établissements de soins namurois : l’hospice Saint-Jacques d’abord (1865) puis « tous les établissements gérés par la commission des hospices » : Harscamp et Saint-Gilles en 1869, Saint-Joseph en 1880 et l’institut Kegeljan en 1889.

Cette congrégation connait un développement particulièrement important durant la fin du XIXe siècle. Une formation d’infirmière est dispensée, dès 1922, aux sœurs amenées à rencontrer des malades.