Pauvres de nous

Actions sociales à Namur hier et aujourd’hui

Hier comme aujourd’hui, vulnérabilités sociale et sanitaire sont étroitement liées. Au XIXème siècle, la malnutrition et le manque d’hygiène sont les causes essentielles du rachitisme et de maladies oculaires incurables. Dans un contexte de médicalisation croissante, des institutions particulières sont créées, à Namur et ailleurs, pour accueillir des personnes – souvent en bas-âge – fragilisées à la fois par la maladie et l’indigence.

L’institut des sourds-et-muets est ainsi fondé à Namur en 1838 par Louis Gourdin, lui-même touché par cette infirmité. L’école installée rue du Lombard reçoit des enfants qui ont les aptitudes physiques et intellectuelles pour suivre un enseignement général et technique. En 1880, l’école déménage à Bouge et y devient, en 1963, un Institut médico-pédagogique (IMP) qui existe encore aujourd’hui.

Ouvert en 1846, l’institut provincial ophtalmique accueille les indigents, aveugles ou malades oculaires, de toute la province et se dote, par la suite, d’une trentaine de lits et d’un service chirurgical spécialisé. Fondé en 1876 et établi près de la gare de Namur, l’institut des aveugles est, pour sa part, destiné à l’enseignement des enfants aveugles des deux sexes. Il adapte ses cours pratiques aux capacités des jeunes élèves en les orientant vers les secteurs de la musique et de l’artisanat.   

Louise Kegeljan-Godin (1845-1939) fonde en 1889, à la mémoire de son fils Fernand (1868-1886), un établissement destiné à recueillir des enfants indigents de la ville de Namur souffrant de rachitisme (maladie osseuse incurable). Installé sur les hauteurs de Salzinnes,  l’institut Fernand Kegeljan s’apparente à un sanatorium : à l’écart du centre-ville, les jeunes pensionnaires profitent d’une alimentation riche, de repos et d’air pur. L’établissement est reconverti en une école professionnelle d’enseignement spécial (IMP) en 1955 et déménage, au début des années 2000, à Ham-sur-Sambre.

L’implantation de tels établissements à Namur dans le courant du XIXème siècle témoigne, plus largement, de la progressive mise en place d’un enseignement spécialisé à destination des enfants handicapés dont on vise l’intégration professionnelle et sociale.