Pauvres de nous

Actions sociales à Namur hier et aujourd’hui

Jusqu’en 1837, les orphelins, garçons et filles, qui vivent à l’hospice Saint-Gilles, partagent le même quotidien que les hospitaliers adultes qui y sont pris en charge. La discipline est sévère et l’instruction des enfants est basée essentiellement sur la pratique de la religion. La messe est obligatoire chaque jour, et la confession tous les trois mois. Outre la pratique intensive de la religion, l’éducation est basée sur des principes fondamentaux de propreté, de services rendus à la communauté et de devoirs journaliers. Tous les pensionnaires, quel que soit leur âge, participent aux tâches communes, en fonction de leurs capacités. Ils sont répartis dans des ateliers (draperie, cordonnerie, couture, cuisine, entretien du potager…) dirigés par des chefs de chambrée, choisis parmi les pensionnaires les plus âgés et encore valides.

Dans un souci de moralisation, les sœurs Notre-Dame reprennent, en 1837, les orphelines sous leur direction, dans un hospice spécialisé et installé dans l’ancien couvent des Carmes. Les filles bénéficient d’un traitement plus adapté à leur âge. Les enfants plus jeunes jouissent d’heures de sommeil supplémentaires et d’une instruction scolaire. Les plus grandes participent à des ateliers destinés à leur apprendre « tout ce qu’une fille doit savoir pour entrer en service » (souvent comme domestique).

De leur côté, les garçons continuent à vivre à l’hospice Saint-Gilles, dans les mêmes conditions et selon le même horaire que les hospitaliers adultes. L’orphelinat, intégré à l’hospice, mêle les garçons dans une seule et même classe. Une lettre de la commission des hospices civils déplore, en 1870 encore, que l’orphelinat des garçons « marche d’une manière sensible à la décadence » et que les garçons font montre de « paresse et du mauvais savoir vivre ».

La discipline est le maître mot chez les orphelins comme chez les orphelines. Ils ne sont pas autorisés à sortir des hospices sauf s’ils sont apprentis. Ils sont soumis à l’interdiction d’avoir un animal de compagnie ou de posséder des jeux. La bonne conduite entraîne des récompenses et des gratifications, tandis que l’inconduite mène à des sanctions diverses, de la privation de nourriture à l’emprisonnement voire à l’expulsion. 

Les deux orphelinats connaissent de nombreuses fugues,  motivées sans doute par l’attrait du monde extérieur, la rigueur du quotidien dans l’institution ou par le manque de figure familière à qui s’identifier.

SOURCES : LOTHE, J., Paupérisme et bienfaisance à Namur au XIXe siècle. 1815-1914, Bruxelles, Crédit communal, 1978 ; HONORE V., Évolution de la pris en charge des enfants de l’hospice Saint-Gilles à Namur (1800-1870), séminaire d’histoire contemporaine, UNamur, 2015.