Pauvres de nous

Actions sociales à Namur hier et aujourd’hui

Une fois recueillis à l’hospice, les enfants trouvés ou abandonnés sont systématiquement baptisés et soumis à  une visite médicale. Dans un second temps, ces enfants sont placés chez des nourriciers, le plus souvent installés à la campagne ou dans les faubourgs de la ville.

Les nourriciers appartiennent, pour la plupart, à un milieu modeste, voire très pauvre : ils sont ouvriers, artisans, engagés à la journée à la ferme ou dans les champs... L’accueil d’un enfant leur donne droit à une pension jusqu’à la douzième année de celui-ci. La pratique de la mise en nourrice apparaît donc comme une activité lucrative. Certains parents vont jusqu’à abandonner leurs enfants pour ensuite les accueillir en nourrice et recevoir une pension.

La plupart des bourgmestres ne sont pas favorables à l’accueil d’enfants abandonnés dans leurs communes car ils craignent les ennuis, la délinquance, les maladies ou la mendicité. D’autres, au contraire, font preuve d’influence pour recommander des nourriciers de leur village, afin de favoriser ce « commerce ».

Aux yeux des nourriciers, les enfants sont généralement considérés comme une marchandise ou de la main d’œuvre gratuite. D’après les rapports des enquêteurs, les enfants mis en nourrice vivent dans des conditions pénibles : victimes de mauvais traitements, ils sont mal soignés, mal nourris, peu vêtus et non instruits. Au début du XIXe siècle, de nombreuses communes et paroisses (comme Émines, Rhisnes, Temploux ou Flawinne) refusent, faute de moyens, d’admettre ces enfants à l’école primaire ou au catéchisme. Il faudra attendre 1853 pour que les dépenses scolaires soient comptabilisées dans les pensions versées aux nourriciers.

Si l’appât du gain reste la principale motivation des nourriciers à accueillir des enfants, certains d’entre eux montrent une réelle volonté de soin et d’attention, et même de l’attachement et de l’affection pour les enfants qu’ils finissent par prendre en charge gratuitement, ou mieux par adopter de manière légitime.