Pauvres de nous

Actions sociales à Namur hier et aujourd’hui

Chaque demande de secours est analysée au cas par cas. La situation socio-économique de l’indigent est prise en compte. La nature de l’aide, son montant et sa durée sont adaptés. Régulièrement, la Commission examine les secours afin de déterminer s’il faut les maintenir, les adapter ou les supprimer.

Les personnes bénéficiant de l’Assistance publique sont dépendantes pour tout. Les fiches d’aides (début des années 50) de la Famille R. en sont une bonne illustration : secours ordinaire (l’équivalent du revenu d’intégration), argent de poche, docteur, pharmacien, loyer, charbon, lait, vêtements et une paire de lunettes, figurent sur la liste des décisions prises.

D’autres fiches évoquent : extraction de dent, trousseau pour enfant, chemises, culottes, tabliers et jardinières, médicaments, frais de voyage (vers un lieu de soins), placement d’enfant(s), frais de convalescence, denrées alimentaires, analyses médicales, avance sur allocations familiales, régularisation mutuelle, bons pour "suralimentation", prothèse dentaire, dentier, fruits & légumes, prêt pour provision avocat, communion enfants jumeaux, (frais) de déménagement, baignoire, école plein air…

Extraits de fiches datant des années 50 et 60

Le recto des fiches consultées reprenait une synthèse des décisions et un paraphe d'accord du ou de la responsable, parfois accompagné d'une brève phrase, souvent sèche... En voici quelques-unes :

« La femme ne peut-elle travailler ? » (son mari est malade)

« A récupérer 100 fr par mois pendant 10 mois (avec) remise 500 fr si paiement régulier »

« Pension portée à 1500 fr au lieu de 1225 fr suspendre secours en attendant décision du C.S.S. » (comité du service social)

« A convoquer chez moi samedi matin »

Demande « sans suite, l'intéressé peut payer son loyer, il n'aura pas besoin de toutes ses ressources pdt son hospitalisation, d'accord pour 1 costume »

« Payer 500 fr à Mr l'abbé Marchal pour voyage à Lourdes »

« Suppression secours et secours mensuel (fausses déclarations) »

« Prière de vérifier si frais médicaments prescrits ne sont pas remboursés »

Et aujourd'hui ?

Dire que rien n'a changé serait excessif. Mais beaucoup de ces mots résonnent aujourd'hui à tous ceux – travailleurs sociaux et conseillers de l'action sociale – qui doivent prendre les mêmes décisions que hier : aider ou ne pas aider et, si oui, combien et comment ? Que dire alors du vécu des bénéficiaires ?

Un changement majeur, essentiel, cependant : l'octroi d'un secours mensuel – aujourd'hui sous la forme du revenu d'intégration – n'est plus laissé à l'arbitraire de décideurs locaux. L'octroi du revenu d'intégration est tellement balisé par la loi et la jurisprudence qu'on peut le considérer comme un droit vraiment bétonné.