Pauvres de nous

Actions sociales à Namur hier et aujourd’hui

Dès le Moyen Âge, une confrérie laïque mixte gère le Grand Hôpital de Namur. En son sein est choisi le maître de l’institution. Ce groupe est constitué de prébendiers dit du haut pain. Ceux-ci obtiennent ce statut en cédant à l’établissement une importante part de leurs biens et en équipant leur chambre d’un mobilier qui, à leur décès, pourra être valorisé. Par ce biais, des bourgeois aisés s’assurent une fin de vie confortable à l’étage de l’hôpital, à l’écart des pauvres qui le fréquentent en bas. C’est notamment le cas en 1472 de Gontart Jadin, pêcheur, et de son épouse Marie, bourgeois de Namur.

Lorsqu’une confrérie laïque du même type remplace les religieux au sein de la léproserie des Grands Malades, des membres de la bourgeoisie namuroise, plus modestes, obtiennent également une prébende du haut pain moyennant le don de biens en nature ou en argent. Colart de Harines donne à cette institution un cens de 2 mailles de Hollande sur une maison proche de la halle aux viandes à Namur  en 1491 en recompense du hault pain et prouvence de ladite maison des Grands Mallades a luy comme aux freres et seurs hautes accordé par les esleuz de ceste ville comme souverains mambours d’icelle maison.

Absente à l’origine du Grand Hôpital de Namur, une catégorie supplémentaire de personnes âgées obtient l’assurance d’une retraite suffisante à partir de 1401 au plus tard. A cette date, une servante reçoit une prébende d’accueil dans la partie basse du bâtiment. Les bourgeois modestes et les artisans qui ne peuvent plus continuer à travailler voient en cette formule un moyen de ne pas sombrer dans la misère.

Le 24 janvier 1571, dans l’inventaire des prébendiers, une liste très importante de bénéficiaires du bas pain montre que ceux-ci monopolisent une grande part des ressources de l’hôpital. Les personnes concernées à cette date sont loin d’être toutes âgées, signe que ce statut s’est également étendu à d’autres catégories, comme les simples d’esprit ou les handicapés. La réforme de 1571-1576 met un terme à l’ensemble de ces prébendes, prétextant que la bienfaisance ne devait pas s’acheter au détriment de l’aide aux « vrais » nécessiteux.

En 1594, Henrart de Fresne et sa femme souhaitent obtenir le pain et une chambre à l’hôpital. Mais le système a changé. Pour pourvoir à leurs besoins, on ne recourt plus à la formule du bas pain, mais à une aide à charge des revenus des institutions de bienfaisance, le maître de la charité déclarant de surcroit ne cessans de travailler tous bons bourgeois. En conséquence, ils reformulent leur requête sans plus faire référence à l’ancien système.