Pauvres de nous

Actions sociales à Namur hier et aujourd’hui

L’accueil des enfants à l’hôpital n’est pas un long fleuve tranquille. Si certains en sortent pour entrer dans la vie active, d’autres y meurent, victimes de la précarité et de la maladie ; plusieurs s’en évadent aussi. Le régime hospitalier s’apparente au XVIIIe siècle à celui d’une prison. Sur les 30 garçons entrés entre le 1er mars 1749 et le 1er juillet 1760, 5 finissent par s’échapper, 3 meurent sur place après plusieurs années de présence. Les filles semblent poser moins de problèmes. Le cas de certaines d’entre elles est toutefois interpellant lorsqu’elles sont finalement admises parmi les femmes du Grand Hôpital, limitant de facto leur horizon de vie. 

Pour les garçons, la sortie classique de l’hôpital consiste à devenir apprenti auprès d’un maître artisan de la ville. L’institution verse au professionnel une somme d’argent pour le logement et la nourriture de l’enfant. C’est le cas du fils de Piérart le Blan en 1553 qui apprendra le métier de cordonnier et vivra dans la maison de son maître.

Le cap le plus difficile à passer pour les enfants trouvés ou orphelins est celui des premiers mois de la vie. Le livre des morts du Grand Hôpital mentionne très régulièrement le décès des enfants placés à nourrice, de manière fort laconique, sans laisser transparaître d’émotion particulière. Les décès d'enfants en bas âge étaient monnaie courante et ne se limitaient d’ailleurs pas aux groupes sociaux vivant dans la précarité.