Pauvres de nous

Actions sociales à Namur hier et aujourd’hui

Au XVIe siècle à Namur, comme depuis les origines, les personnes précarisées se mêlent aux autres groupes sociaux. Cependant, des concentrations de pauvres sont tout de même remarquables dans des rues secondaires, dévalorisées socialement, et en périphérie. En ville comme à la campagne, l’hébergement dans une institution reste l’exception. Ce n’est qu’en dernier recours que les plus démunis sont concentrés au Grand Hôpital.

La pauvreté et surtout la mendicité sont perçues comme une menace de l’ordre social dominé par la bourgeoisie locale de Namur. La réforme de la bienfaisance de 1571-1576 instaure un contrôle nettement plus ferme de la mendicité tout en réservant les ressources des institutions au soulagement de la misère locale. Les pauvres ayant le droit de mendier ou d’être hébergé dans les hôpitaux seront dorénavant tenus de porter un signe distinctif, le méreau, dont la distribution sera strictement réglementée par les maîtres de la charité, nouvellement institués. Le pauvre qui reçoit une aide doit avoir un comportement exemplaire sous peine d’être puni, voire d’être privé de toute aide matérielle et d’être expulsé de la ville. Ce prescrit du règlement de 1571 sera régulièrement reformulé tout au long de la période moderne.

Dès le Moyen Age, les pauvres reçus au sein du Grand Hôpital jouissent d’un régime alimentaire varié. Les comptes en font foi : en 1368 et 1369, ils reçoivent des fruits, parfois exotiques comme les figues, du poisson, notamment en période de Carême, et aussi de la viande, du lait, du beurre, des œufs et même … des cougnoux ! La viande semble réservée toutefois aux jours de fêtes. En 1762, la viande de porc est distribuée, entre autres, le jour de l’an, au carnaval, à la Toussaint, à la Saint-Nicolas. Les fournitures en légumes s’adaptent aux productions locales de saison. Au mois de juillet de la même année, la part belle est faite aux pois, aux choux de Savoie, aux carottes, au persil, aux oignons et aux fèves. Pour le service des pauvres et de toutes les personnes hébergées, les hôpitaux ont besoin de matériel courant. Les fouilles menées dans la cour de l’hospice Saint-Gilles permirent de retrouver un dépotoir datant de la phase de travaux de 1699 à 1701. Des centaines de vases complets en terre blanche glaçurée ou en grès y furent découverts.