Pauvres de nous

Actions sociales à Namur hier et aujourd’hui

Outre le soin des malades et des pauvres (infirmis et pauperibus), les hôpitaux de Namur sont destinés dès leur création à l’accueil des pèlerins et des passants (transeuntibus) qui y reçoivent un hébergement temporaire. Un acte du comte de Namur, Baudouin II de Courtenay, l’affirme très précisément en 1244. Les bourgeois de Namur qui dotent ces institutions respectent par esprit de dévotion ce principe. Dans leur testament, Henri Valion et Marie de Scleis permettent la création au Grand Hôpital d’un chauffoir actif de la Toussaint au Carême et destiné aux passants.

Au fil du temps, l’hospitalité envers l’étranger va évoluer vers un contrôle de plus en plus strict de celui qui est perçu comme un profiteur potentiel de l’aumône au détriment des résidents.

Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, les ordonnances des autorités se succèdent pour rappeler à tous que la mendicité en ville est en principe interdite aux étrangers, c’est-à-dire aux non-natifs de Namur ou aux non-résidents de longue date. Les mendiants non reconnus sont priés de quitter le territoire sous peine d’être chassés, voire châtiés. Le vagabond ne peut au mieux qu’être hébergé une nuit dans l’hôpital Saint-Jacques.

Le cortège des troupes passant par Namur lors des guerres ou en garnison amène son lot d’étrangers au sein des murs de la ville. Si la plupart sont soldats, ceux-ci sont aussi accompagnés par des femmes et, parfois, des enfants. Le livre des morts du Grand Hôpital témoigne en 1639 de la présence de troupes allemandes. La population namuroise est contrainte d’accueillir ces étrangers. Les malades et les blessés profitent des institutions d’accueil locales sans être soumis aux règles qui prévalent en temps normal.